Triste Été
Je vois par la fenêtre entrer l’éclat du soir
Qui devrait m’apaiser de sa chaleur sereine
Mais je demeure, seul, dans l’ombre souveraine,
Immobile, les yeux fixés sur le comptoir.
Telle Gervaise oyant l’appel de l’Assomoir
Qui la mène — hélas ! à sa perte certaine,
Je me sens entraîné dans l’ivresse malsaine
Que produit en mon cœur le vin du désespoir.
J’ai beau chercher refuge en des havres paisibles,
Où s’offrent à mes sens des charmes indicibles,
Rien n’y fait ; je ne puis chasser cette douleur.
Quant à ces ingénus qui pensent que la vie
Est pleine de beauté, de joie et de bonheur,
Je ne les hais pas moins que je ne les envie.