Meurtre banal

« Les deux genoux à terre et les mains sur la tête ! »
Jamais ces traîtres mots ne devraient précéder
Le décès d’un suspect qu’un officier arrête
En toute impunité sans qu’on puisse l’aider.

Le genou sur son cou, guidé par la folie,
Telle une faux s’abat en dément jugement.
L’homme est à bout de souffle ; il conjure et supplie
Son infâme bourreau de se montrer clément.

Hélas ! Le monde autour devient flou ; tout se grise ;
Et ce matin pourtant semblait si bien parti…
Son esprit s’affadit, s’étiole, se brise
Et s’envole, laissant son corps derrière lui.

Le gardien sanguinaire, être de haine pure,
Savoure sa douleur et ses gémissements
Jusqu’à ce qu’il expire en un dernier murmure,
Dernier geste d’amour d’un père à ses enfants.

C’est un meutre banal, pareil à tous les autres,
Comme il s’en produit tant sous la loi du plus fort.
Cette fois, cependant, de véhéments apôtres
Exigeront que soit jugé l’injuste sort.