Les Écrits

Deux ans de dur labeur ; l’échec n’est pas permis.
Suis-je prêt ? N’ai-je point oublié quelque chose ?
Non, tout va bien… Le stress me gagne, je suppose.
Il est temps ; je vaincrai ; je me le suis promis.

Nous sortons de l’hôtel, dernier havre de paix
Avant de pénétrer sur le champ de bataille.
Le conflit est sans morts, sans cris et sans rocaille ;
Le silence et la peur sont ses saillants aspects.

Des milliers de soldats sont ici rassemblés ;
Certains sont désormais bien loin de leurs demeures.
Le sujet est donné ; rendez-vous dans quatre heures ;
Soyez forts ; gardez foi ; jamais n’abandonnez.

Absconses questions dignes d’un noir sabbat,
Maintes équations à purger sans faiblesse,
Trois dissertations pour couronner la messe ;
Pas de salvation pour qui tombe au combat !

Chaque jour a son lot de maux et de dangers ;
Plus long qu’un marathon, le parcours est dantesque ;
Un artiste en peindrait une marine fresque
Où l’on verrait trimer ces futurs naufragés.

Quand vient enfin le soir, las des bombardements,
Nous repartons du front pour reprendre des forces.
La fatigue mentale est semblable aux entorses ;
Mieux vaut s’en prévenir qu’en subir les tourments.

Nous avançons malgré l’ombre et l’adversité
Appâtés par l’espoir de trouver la lumière.
Pas d’hésitations, ni retours en arrière ;
L’audace se nourrit de la difficulté.

C’en est bientôt fini ; l’autre bout du tunnel,
Fameuse arlésienne, est à notre portée !
Le mirage enivrant d’une paix méritée
Vaut bien de faire face aux éclats de shrapnel.

Étrange sentiment que celui de quitter
Le terrain dévasté de la dernière épreuve.
Tels des preux défendant l’orphelin et la veuve,
Au lustre de l’exploit nous aimons à goûter.

Confiants, soulagés, déçus ou le cœur gros,
Maintes réactions animent les visages.
N’accordons point de temps aux funestes présages
Car au prochain tournant attendent les oraux.