Le Branquignol
L’ornière des charrues me guide au grand fenil ;
Niché sous la toiture, un élégant volucre
Becquette un gastrolithe ainsi qu’un bloc de sucre
Dont quelques grains épars tombent sur le bas mil.
L’oiseau nubile songe à prendre son envol
Pour trouver son amour, son ultime romance !
Le rêve est grandiose, l’ambition intense,
Si bien que, de ses pairs, c’est lui, le branquignol !
Sa routine acescente enflamme ses désirs ;
Il quitte l’ennuyeux foyer de ses semblables
Qui se contentent de ces loisirs détestables
Que sont les gazouillis et les vilains plaisirs.
La forêt chante en choeur, agitée par le vent ;
En son centre siège un grand hêtre laconique.
Un fruit purpurin semble un décent pique-nique ;
L’oiseau cueille une faine en un piqué fervent.
L’encas était piégé : un matois farfadet
L’avait ensorcelé par cruelle infamie.
Notre ingénu souffrit d’une cacostomie
Déclenchée par l’ignoble et méphitique effet.
L’insupportable odeur lui fit perdre raison ;
Il percuta soudain un planeur vélivole ;
Sa chute guidée par les caprices d’Éole
Le fit atterrir sur une vieille maison.