Parfums - 14
Quel malheur que ce coronavirus pour les amateurs de fragrances ! Prions pour qu’un vaccin nous permette de revenir à nos vies d’antan. Cela étant dit, j’ai aujourd’hui fait un saut dans la boutique de Guerlain rue de Sèvres et j’ai pu essayer quelques parfums : voyons ce que j’ai à en dire.
Guerlain - Mitsouko
Si, de tous les parfums, je ne devais plus en porter qu’un, je choisirais Mitsouko. Cette fragrance vieille de plus d’un siècle exhibe une aura de profondeur mystérieuse ineffable : plus qu’un simple chypré fruité, c’est une aventure olfactive qui se présente au nez attentif. Il n’est pas plaiseur de foules comme un Sauvage de Dior, ni succulent comme un Mûre et Musc Extrême de l’Artisan Parfumeur, mais plutôt… envoûtant. Quand je le sens sur ma peau, j’entends une invitation au voyage et les fameux vers de Baudelaire me viennent à l’esprit : « Là, tout n’est qu’ordre et beauté, / Luxe, calme et volupté. » Après une heure de port, en le comparant à Insolence sur mon poignet gauche, j’ai été surpris de préférer ce dernier. Néanmoins, plus les heures passent et plus le génie de Guerlain se révèle : Insolence s’affaiblit inévitablement, tandis que je ne peux pas me lasser de Mitsouko. Mes yeux se ferment par réflexe dès que j’en inspire l’arôme, comme si mon corps comprenait instinctivement comment apprécier au mieux son caractère divin. À contrepied des parfums parfois tape-à-l’œil des grandes marques, celui-ci ne s’impose pas au passant ; en revanche, un nez curieux et observateur y décèlera sans mal un magnifique trésor à savourer sans modération. Mitsouko est un classique indépassable qui survivra encore des siècles. En une image : une geisha légendaire au charme irrésistible.
Guerlain - Insolence
Quand la vendeuse m’a demandé si je voulais essayer d’autres parfums, j’ai acquiescé avec enthousiasme, mais je n’avais pas d’idée précise à ce moment. M’est alors venue l’idée de demander un parfum avec de la violette ; je raffole de cette note, comme je le dis ici à propos d’Émilie de Fragonard. Après un petit quart d’heure, la violette éclot dans toute sa splendeur, si bien que pendant un fenêtre d’environ une heure je plaçais la fragrance plus haut que Mitsouko sur mon palmarès ! Son odeur fleurie et sucrée, mais malgré tout élégante et assez légère ne laisse pas indifférent. En une image : une belle princesse à la robe violette.
Guerlain - Chamade Pour Homme
Un autre parfum Guerlain à la violette, destiné à un public masculin, contrairement aux deux précédents. Le poivre et les notes de tête vertes étaient très présentes à l’ouverture, lui conférant un caractère frais, végétal. Puis les notes de fond de vétiver, de cuir et boisées n’ont guère laissé de place aux fleurs : je dois avouer ne pas avoir senti ni la violette ni la hyacinthe, qui sont pourtant censées être les deux notes de cœur majeures du parfum. Je crois toutefois déceler un caractère fleuri, qui est peut-être la hyacinthe. En une image : une sortie au cœur de la forêt à la recherche de fleurs.