Bergman — Fanny et Alexandre

Fanny et Alexandre, d’Ingmar Bergman, vu à la Comédie-Française, est une pièce fort sympathique, en deux parties très distinctes. Dans la première, on peut voir la troupe de la Comédie Française s’amuser à faire la chenille dans la salle Richelieu, et dans la seconde, le désespoir de Fanny et Alexandre contraints de se soumettre à l’autorité d’Edvard Vergerus, leur beau-père intransigeant. Elsa Lepoivre m’a de nouveau subjugué par sa réaction à la mort d’Oscar ; je ne m’attendais pas du tout à ce cri déchirant qui contrastait brutalement avec l’atmosphère guillerette de la répétition. Néanmoins, je salue avant tout la performance de Thierry Hancisse, remarquable en Vergerus ; il parvient à me faire haïr avec véhémence cet évêque cruel et sans pitié, et en même temps, à forcer mon admiration par sa conviction absolue d’agir au nom du bien et de son Seigneur. C’est l’illustration parfaite de la dualité entre déontologisme et conséquentialisme ; au nom de quel amour peut-on être amené à fouetter son enfant jusqu’au sang ? La pièce se conclut par un deus ex machina quelque peu abrupt, si bien que même les personnages en font l’aveu explicite, me faisant rire par la même occasion.

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