🪶 VI – Les Amoureux
En amont du Pishôn, dont le long cours sinue
À travers les récits du mythe originel,
Se trouve, quelque part, un verger éternel
Où le soleil abreuve une terre grenue.
Deux de ses résidents, lorsque tombe la nue,
Sous les yeux attendris de l’ange Raphaël,
Aiment à s’échanger, dans un jeu sensuel,
De timides baisers sur leur peau glabre et nue.
Telle une poudre d’or qui recouvre l’Éden,
Sur leur lit verdoyant se répand le pollen
Des arbres de la vie et de la connaissance ;
À l’ombre du second se prélasse un serpent
Qui, parfois, aux amants tout pétris d’innocence
Susurre de goûter au juteux fruit qui pend.