Premier bonheur
Mes lèvres ont goûté, pour leur premier bonheur,
À l’envirant nectar qui coulait sur les tiennes,
Et j’aurais tout donné pour que tu me retiennes
À jamais dans tes bras, blotti contre ton coeur.
Je te revois encore, ô merveilleuse fleur !
Recoiffer tes cheveux en me tenant les rênes ;
Sous tes yeux envoûtants qui m’embrasaient les veines,
J’admirais, ébahi, ton sourire joueur.
J’enterre maintenant cette douce journée
Comme une mère pleure une fille mort-née
Car je ne puis souffrir d’amour sans lendemain.
Je ne t’attendrai pas ; je tracerai ma voie
Et laisse au sort le soin de m’accorder la joie
De, peut-être, un beau jour, te reprendre la main.