Ma Seule Délivrance
Le frisson du défi et du combat serré,
Cette morbide soif de sang insatiable
Que la hache de guerre invoque, déterrée,
Me procure un plaisir intense et ineffable.
Ces doux cris de terreur à la vue de la mort,
Ce visage où l’horreur, le regret, la souffrance,
Dessinent un rictus qui s’agite et se tord,
Sont des maux chthoniens ma seule délivrance.
J’abats mes ennemis d’un coup de cimeterre
Projetant sur le sol des flaques de leur vin.
L’écarlate parfum qui engorge les airs
M’enivre et me fait jouir d’un orgasme divin.
J’exulte et je jubile en ce champ de bataille
Jonché de part en part de membres orphelins ;
Sans réserve j’occis, je transperce et j’entaille
Ces mignonnes souris dont je suis le félin.
Hélas ! le jeu prend fin, car je demeure seul
Dans la mer de rubis qui semble s’étaler
Jusques à l’horizon, en funeste linceul
Que la Mort eût jeté sur l’entière vallée.