L'Inconnue

Beaucoup sont apeurés par les mathématiques ;
Leur déluge incessant de symboles abscons
Inondent les cahiers d’un langage cryptique
Façonné par des fous nous prenant pour des sots.

Pourtant, bien des beautés se cachent dans ce monde
Où l’abstraction peint et sculpte les idées.
Un nouveau théorème offre à l’âme féconde
De multiples chemins vers des cieux débridés.

Les efforts du chercheur têtu qui persévère
Laissent sur le tableau mille traces de craie ;
Tout nébuleux concept dévoile sa lumière
À celui qui s’attache à percer ses secrets.

Ensembles et voisins charment le topologue
Qu’ils soient ouverts, fermés, compacts ou bien complets.
Ces quelques notions ne sont que le prologue
D’un domaine étonnant aux sibyllins objets.

Quelle application que l’exponentielle,
Qui s’envole vers l’infini et au-delà !
Son frère logarithme, un brin plus graduel,
Lambine un peu mais sait qu’il la rattrapera.

Transformez des vecteurs par un endomorphisme ;
Ce doux fruit algébrique au noyau captivant
Conserve les saveurs qui traversent son prisme
Et soigne son image à l’aune de son rang.

Un carré négatif ? Quelle est cette chimère ?
Produit de ces instincts propres aux grands esprits,
Avec l’axe réel, la droite imaginaire
Construit un plan complexe où tout devient permis.

Polynômes fleuris aux multiples racines
Dont la température augmente par degrés,
Gardez toujours le cap sur la mer assassine
Car, si vous dérivez, vous n’en réchapperez.

Sinus et cosinus, tangente et cotangente,
Naquirent des écrits des savants indiens,
Leur définition rigoureuse et savante
D’une série entière, en revanche, provient.

Tant de magie encore il me reste à vous dire ;
Un traité n’est assez pour en toucher le fond !
Si ces vers en votre âme éveillent le désir
De trouver l’inconnue, osez le grand plongeon.