🪶 III – L'Impératrice

À travers les sous-bois, les halliers et les branches,
Coule un torrent au lit tapissé de cresson
Où s’abreuve, quand vient le temps de la moisson,
La reine d’un éden que prisent les pervenches.
Recouverte de fleurs, sa robe à longues manches
Laisse parfois paraître en un leste frisson
Le signe de Vénus gravé sur l’écusson
Qui suggère la courbe altière de ses hanches.
Assise sur un trône au velours incarnat,
Elle élève au devant d’un sylvestre sénat
Son sceptre d’or, forgé par de savants orfèvres.
Sous le cercle étoilé qui coiffe ses cheveux,
Comme pour exaucer de charitables vœux,
Un sourire ennoblit le rose de ses lèvres.