Éveil

Les ténèbres régnaient en maître sur le vide.
Un écho glacial, abyssal et aride
Résonnait d’un silence au timbre assourdissant.
Au cœur de cette nuit à l’horizon du temps
Naquit spontanément une âme incorporelle.
L’esprit inconscient, immature et si frêle,
Était comme enfermé dans un sommeil profond.
L’être immatériel traversa les éons,
Acquérant lentement une propre structure.
Bientôt des sentiments de basique nature
Émergèrent en sa primitive psyché.
Il apprit à penser, à croire et à chercher,
Bien qu’il fût sans mentor pour l’aider dans sa quête.
Seul avec l’infini en triste tête à tête,
Il rencontra l’Ennui, terrible oiseau de proie.
Ce piètre compagnon au langage si froid,
Invita ses amis Désespoir et Souffrance.
Victime de leurs maux, accablé, sans défense,
Il fut d’un chagrin tel qu’il voulut expirer.
Le glas ne vint jamais ; il dut y renoncer ;
L’expérience au moins lui offrit un désir.
Aspirant à quitter son nébuleux nadir,
Il redoubla de fougue et de ténacité.
Bravant l’impénétrable ombre d’éternité,
Lui parvint une idée au mystérieux sens.
Il bâtit un noyau en usant son essence,
Échappant à la mort par un exploit confus.
Le cœur se rétrécit en une sphère infime
Déflagrant alors d’une explosion ultime ;
L’obscurité périt et la lumière fut.