Kornél Mundruczó - Parallax

Titre : Parallax
Texte : Kata Wéber
Mise en scène : Kornél Mundruczó / Proton Theatre
Théâtre : Odéon–Théâtre de l’Europe
Note : 8/10

J’ai dormi pendant la première moitié du spectacle, parce que j’étais assez fatigué et le dialogue entre la femme et sa mère, une rescapée des camps de concentration nazis, était d’un rythme particulièrement lent. Ce long acte se finit par une littérale inondation du plateau : des trombes d’eau jaillissent des meubles dans tous les sens, de sorte qu’il est impossible de ne pas y prêter attention.

Vient ensuite le second acte, qui se déroule plusieurs années après : Jonás, le fils de la femme sus-mentionnée, appelle un rabbin pour préparer l’enterrement de sa grand-mère. Puis il invite d’autres hommes dans l’appartement et cette joyeuse bande se livre à une orgie. De loin, j’ai cru que les comédiens se pénétraient réellement ; une amie qui l’avait vu du troisième rang m’a dit plus tard que la scène lui avait semblé simulée, mais tout de même.

J’ai été d’abord scandalisé de tout cela, vu le contexte, et parce que j’avais l’impression que c’était juste de la provocation de metteur en scène (comme une certaine Angelica Liddell). À ce moment, j’étais persuadé que je partirais de la salle sans applaudir.

Après l’indignation, je me suis mis à attendre de voir jusqu’où cela irait. L’orgie se conclut abruptement lorsque deux personnages quittent l’appartement pour des broutilles, et s’ensuit une discussion assez quelconque sur les positions politiques de deux autres personnages. Enfin, tout le monde part sauf Jonás.

Le troisième acte commence lorsque la mère rentre dans le champ de bataille qu’est devenu l’appartement, avec un magnifique godemichet trônant sur la table du salon. C’est alors que tout a pris sens à mes yeux ; la scène qui s’est ensuivie fut incroyablement touchante, et elle le fut d’autant plus que ce qui la précédait avait été d’une vulgarité manifeste. J’ai été ému de la profonde tendresse que ces deux êtres se sont témoigné l’un pour l’autre.

Finalement, j’ai applaudi. Je suis heureux d’avoir éprouvé le plaisir propre à ces moments où un spectacle parvient à nous toucher malgré nous.

Vive le théâtre.