Denis Podalydès - Lucrèce Borgia

Titre : Lucrèce Borgia
Texte : Victor Hugo
Mise en scène : Denis Podalydès
Théâtre : Comédie-Française, Salle Richelieu
Note : 10/10

Lucrèce Borgia est la pièce qui m’a fait rentrer dans cet univers merveilleux qu’est le théâtre.

C’était en février 2019. Quand je vis rentrer les comédiens sur scène, je fus captivé. J’éprouvai immédiatement ce sentiment que quelque chose d’important était en train de se dérouler juste là, devant mes yeux ; c’était une expérience indicible, ineffable, et pourtant terriblement humaine. Puis, lorsque les amis de Gennaro lui révélèrent que sa mère était Lucrèce Borgia, le jeu d’Elsa Lepoivre me fit trembler d’émotion — littéralement. Je me revois encore distinctement me demander : « Mais qu’est-ce qui se passe ? ». C’était proprement incompréhensible.

Ainsi, en voyant que Lucrèce Borgia était à nouveau jouée cette année, j’ai pris ma place dès que j’ai pu. En y allant, j’étais partagé entre l’excitation de revoir cette pièce qui m’avait subjugué, et l’angoisse qu’elle ne me plaise plus autant que la première fois, car j’ai indéniablement évolué en tant qu’amateur de théâtre — voire en tant qu’artiste, si j’ose dire.

Heureusement, je pense toujours que c’est un chef-d’œuvre. Le texte est évidemment magnifique, mais le jeu d’Elsa Lepoivre le sublime — cette comédienne est magistrale dans ce genre de rôles. Éric Ruf est excellent en Don Alphonse également. Une chose que j’apprécie particulièrement au théâtre est de voir des comédiens qui ne jouent pas le texte ou, en d’autres termes, qui jouent autre chose que l’idée spontanée que l’on a en lisant le texte. Quoi de plus banal que de voir un personnage s’énerver en criant : « Je te déteste ! » En revanche, si le personnage le dit en prenant la main de l’autre, cela rend la scène infiniment plus riche. De ce point de vue, la scène où Don Alphonse fait paraître Gennaro devant Lucrèce Borgia est très réussie. Par ailleurs, la scénographie est très belle et les autres acteurs jouent assez bien. Mention spéciale à Thierry Hancisse en Gubetta que j’ai trouvé très bon.

C’est jusqu’au 1er avril ; je vous prie instamment d’y aller !