Bellini - Les Puritains

Mercredi soir, je suis allé voir Les Puritains de Vincenzo Bellini à Bastille. L’intrigue se situe au XVIIe siècle, alors que Puritains et Stuart s’affrontent pour diriger l’Angleterre. On mettra de côté les noms italiens des personnages…!

Elvira, fille de Gualtiero, partisain puritain de Cromwell, apprend par son oncle Giorgio qu’elle va épouser Arturo, dont elle est follement amoureuse. Les deux amants se retrouvent et se réjouissent ensemble de leur mariage imminent, quand Gualtiero leur apprend qu’il doit escorter une prisonnière. Arturo apprend qu’il s’agit de la reine Henriette d’Angleterre et, en tant que royaliste, compte s’enfuir avec elle pour la sauver. Riccardo, qui aime Elvira, arrive alors et provoque Arturo en duel. Toutefois, comprenant la situation, il décide de laisser Arturo s’enfuir avec la reine en espérant pouvoir reconquérir sa bien-aimée. Elvira apparaît et, apprenant la nouvelle, en perd la raison, pensant à tort qu’Arturo l’a quittée pour une autre. Les Puritains, quant à eux, enragent de sa trahison. Elvira est atteinte d’une crise de délire qui bouleverse Riccardo, lequel décide de retrouver Arturo pour le tuer. Giorgio, désespéré, supplie Riccardo de ne pas occire le traître, sous peine qu’Elvira ne guérisse jamais. Riccardo, ému, accepte. Finalement, Arturo parvient à revenir à la forteresse de Gualtiero et chante le chant d’amour qui le fit rencontrer Elvira. Celle-ci l’entend et revoyant son amant, recouvre la raison. Soudain, des soldats puritains les surprennent et arrachent Arturo aux bras d’Elvira. Heureusement, un héraut surgit, tel un messie, et leur annonce que Cromwell, vainqueur contre les Stuart, a prononcé une amnistie pour réunifier l’Angleterre divisée : Arturo est donc grâcié, et leur mariage sauvé.

Déjà, je vous avoureai que j’ai trouvé le deus ex machina final un peu forcé, d’autant plus que la scène précédente, où Arturo et Elvira sont séparés de force par les soldats, finit sur une image d’un désespoir grandiose : Arturo tendant le bras vers Elvira, implorant les Puritains à genoux. J’ai applaudi, croyant que la pièce était finie — comme probablement un certain nombre d’autres spectateurs — avant de comprendre qu’il y avait encore une scène. Quel curieux sentiment que celui d’être déçu qu’une œuvre soit plus longue qu’on ne le pense ! Électre / Oreste, que j’ai vu à la Comédie Française il y a quelques mois, finit de la même manière : un messager d’Hermès descend des cieux annoncer aux personnages que la malédiction des Atrides est levée. Néanmoins, l’annonciateur exhibait une telle prestance, couplée à la lumière dorée qui renforçait ce caractère divin, que j’en ai été subjugué.

Je retiendrai cet opéra surtout pour sa mise en scène remarquable : les décors de forteresse en fibres métalliques intriquées étaient d’une finesse qui force l’admiration ; le tout, posé sur la scène pivotante, était très plaisant à regarder. De même, les costumes plongeaient fort bien dans l’ambiance de la Grande-Bretagne du XVIIe siècle, et le jeu de lumières permettait des changements d’atmosphères très à propos selon les scènes.

La scène qui m’a le plus plu est le duo entre Giorgio et Riccardo, lors duquel le premier implore la pitié du second pour le bien d’Elvira. Le pauvre Riccardo, forcé de désirer l’union de l’objet de son amour avec un autre que lui, m’a fait beaucoup de peine. Et pourtant, il ne m’inspirait rien de bon lors de sa première apparition !

Je vous laisse avec La Marche des Puritains, que Giorgio et Riccardo entonnent tout à la fin de l’acte II. Elle est si entraînante que je la chanterais bien à l’occasion d’une randonnée, mais je crains que les autres marcheurs n’apprécient pas autant qu’à l’opéra !