Dostoïevski - Les Démons

Titre : Les Démons
Texte : Fiodor Dostoïevski
Mise en scène : Guy Cassiers
Théâtre : Comédie-Française
Note : 0/10

Les Démons de la Comédie-Française est une adaptation du roman éponyme de Dostoïevski, aussi appelé Les Possédés. Pendant les premières minutes de la pièce, je fus interpellé par les trois écrans géants suspendus au-dessus des acteurs qui retransmettaient la scène sous d’autres angles ; je me demandai où je devais regarder et je trouvai cela étrangement amusant que les comédiens nous apparussent à la fois de profil sur scène et de face à travers les écrans. Puis, lors d’une nouvelle scène, des mannequins noirs se mirent à rentrer sur le plateau pour permettre aux comédiens d’effectuer des gestes qui “traversaient les écrans” en quelque sorte. C’est assez difficile à décrire, mais le principe est que les caméras filmaient, par exemple, deux acteurs qui serraient la main à deux mannequins de part et d’autre de la scène, ce qui donnait l’illusion que les deux acteurs se serraient la main sur les écrans. Ce fut assez impressionnant de prime abord, et je dois saluer la précision de la chorégraphie qui fut pratiquement irréprochable tout le long de la pièce.

La conséquence inéluctable étant que la pièce me parut froide, artificielle et mortellement ennuyeuse.

Lors de ces scènes par écrans interposés, qui constituaient aisément les deux tiers de la pièce, je ne pouvais voir sur le plateau autre chose que ces figurines aux déplacements robotiques qui parlaient dans le vide, parfois complètement de dos. Rajoutez des prénoms russes impossibles à retenir, saupoudrez d’un jeu d’acteurs caricatural — un personnage en particulier m’a semblé le portrait craché d’Edward dans Twilight, c’est dire le niveau — faites revenir avec une histoire écorchée jusqu’à la mœlle pour la faire tenir en une pièce, et vous obtenez la pire expérience théâtrale à laquelle il m’ait été donné d’assister jusqu’à présent.

Les Démons aura au moins eu le mérite de me faire prendre conscience de toutes les manières de me faire exécrer une pièce de théâtre. Pour couronner le tout, cela lui aura pris trois heures…